REICHSWEHR

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Armée de métier de la République de Weimar, la Reichswehr est née de la Constitution de 1919. Les rapports du chef de l’État avec l’armée devinrent alors très différents de ceux qui avaient existé au temps du Kaiser. À la suite des réformes constitutionnelles d’octobre 1918, l’armée était, en principe, soumise au contrôle parlementaire. Le président de la République avait le titre de commandant en chef, les membres de l’armée ne prêtaient pas serment au président, mais à la Constitution. En fait, l’autorité de l’armée se trouvait plutôt renforcée; car, toute autorité législative qui appartenait aux différents États allemands étant transférée au Reich, l’armée se trouvait organisée d’un bout à l’autre du pays sur des plans uniformes et placée sous un ministre de la Défense nationale (Reichswehrminister ) faisant partie du cabinet et sous un seul général commandant en chef. Le projet de loi ayant trait à l’organisation de la Reichswehr fut déposé à l’Assemblée le 25 février 1919 et adopté le 9 mars.

La loi sur la Reichswehr reflétait assez exactement la confusion de tout ce qui se passait en Allemagne à ce moment-là: car c’était un étrange mélange d’aspirations démocratiques et de tendances réactionnaires. Cette loi pouvait paraître comme un honnête effort pour réaliser — comme le disait Noske — «le grand idéal d’une nation en armes qui impose l’esprit démocratique dans les questions militaires»; et aussi comme un effort sincère pour concilier la tendance nouvelle du contrôle parlementaire avec la rigidité des méthodes prussiennes sur les tendances démocratiques. En fait, cet «honnête effort» ne fut jamais véritablement tenté. Pendant les quinze ans que dura la République de Weimar, il n’y eut que quatre ministres de la Défense nationale — bien qu’il y eût quatorze chanceliers. Sur ces quatre hommes, les deux premiers étaient des civils, Noske et Gessler, sur qui leurs conseillers militaires avaient une telle emprise que (de bonne foi ou en qualité de complices) ils servirent leurs véritables maîtres docilement. Leurs successeurs furent deux généraux, Gröner et von Schleicher, qui savaient très bien ce qui se tramait et ne renseignaient le gouvernement que juste autant qu’ils le jugeaient utile. Le contrôle parlementaire de l’armée n’existera à aucun moment. Ce qui permettra à Hitler, lorsqu’il prendra le pouvoir, de trouver à sa disposition une solide structure de réarmement toute prête à remettre en marche la machine de guerre allemande.

Six mois après l’armistice, le gouvernement de la République de Weimar disposait de 400 000 hommes bien instruits et pleins de confiance en leurs chefs. L’armée avait réussi à sauvegarder l’unité du Reich, à écarter la menace de la guerre civile et, par-dessus tout, à restaurer le prestige de ses propres chefs. Au cours de l’été de 1919, elle était déjà parvenue à occuper une position clé dans les conseils politiques de la République. C’est alors que les Alliés firent connaître leurs conditions de paix à la délégation allemande à Versailles. Parmi celles-ci: l’armée devait être réduite à 100 000 hommes enrôlés pour une durée de douze ans, sauf 4 000 officiers dont la durée de service serait de vingt-cinq ans; l’Allemagne n’aurait le droit de posséder ni avions militaires, ni tanks, ni artillerie; le grand état-major serait dissous «et ne pourrait être reconstitué sous aucune forme»; le même sort était réservé à l’École de guerre et aux écoles militaires comme celle de l’École des cadets de Lichterfelde; la flotte allemande serait remplacée par une marine des plus réduites — sans un seul sous-marin — et dont le navire le plus grand ne pourrait excéder 10 000 tonnes.

La publication des conditions de paix tomba comme un coup de massue sur toute la population allemande. Elles furent considérées comme étant «intolérables pour n’importe quelle nation» et suscitèrent de violentes polémiques. Quoi qu’il en fût, le traité de Versailles fut signé le 28 juin 1919. L’acceptation par le gouvernement allemand et la signature du traité marquèrent la fin de toute unité réelle dans la politique allemande sous la République de Weimar, mais, paradoxalement, elles scellèrent l’unité de l’armée. Le 5 juillet 1919, le gouvernement de Weimar créait un organisme nouveau: la Commission préparatoire pour l’armée de la paix (Volkskommission für das Friedensheer), et en nommait le général Hans von Seeckt président. Celui-ci va reconstruire et rénover la machine de guerre allemande avec de très faibles moyens au départ, mais son génie sera de fonder non de vastes armées, mais un microcosme militaire, admirablement étudié et mis au point dans les moindres détails, et susceptible, le moment venu, de prendre un développement illimité. Il démissionnera le 9 octobre 1926. Son départ marquera la fin de la Reichswehr «apolitique». À partir de ce moment, l’armée, sous l’influence de von Schleicher, va de plus en plus s’intéresser aux affaires intérieures de l’État, avec un manque de compétence marqué, d’ailleurs, pour juger des causes en jeu et des difficultés éventuelles des entreprises. La période de von Seeckt avait fait de l’armée le facteur politique le plus puissant de l’État, le protecteur reconnu de la République; la période de Schleicher va entraîner l’armée dans l’arène de l’intrigue politique, au grand détriment de la pureté de sa réputation et du maintien de son autorité.

Pendant les deux années qui suivront sa prise du pouvoir, Hitler n’osera pas toucher à l’organisation de la Reichswehr. Il lui donnera un développement considérable cependant tout en préparant activement son réarmement. Ce n’est qu’après avoir fait assassiner von Schleicher, lors de la Nuit des longs couteaux (30 juin 1934), et être devenu chancelier du Reich que Hitler remplace la Reichswehr par la Wehrmacht (dénomination signifiant «force de défense»), créée dans son principe par la loi du 15 mars 1935.

reichswehr [ʀajʃveʀ] n. f.
ÉTYM. V. 1920; mot all., de Reich « empire », et Wehr « défense ».
Hist. L'armée allemande concédée par le traité de Versailles (1919). || La Reichswehr.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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